Chemin spirituel moderne : entre quête sincère et dispersion

Aujourd’hui, j’avais envie de vous parler d’un aspect du cheminement spirituel qui me touche particulièrement : la façon dont notre parcours, en tant qu’occidentaux, se distingue, et parfois se complique, lorsque nous avançons vers l’éveil. C’est un sujet qui me tient à cœur parce que je l’ai traversé, avec toutes ses embûches, ses émerveillements et ses zones de brouillard.

L’absence de racines… et la soif de sens

Chez nous, le terreau spirituel n’est pas très fertile d’emblée. Beaucoup ont grandi loin des traditions où méditer ou s’unir au divin est une seconde nature. Nos racines chrétiennes, pour la plupart, n’ont pas laissé que de jolis souvenirs — souvent, elles ont semé la méfiance ou l’indifférence plus qu’elles n’ont ouvert la porte à la quête intérieure.

Alors, on arrive sur ce sentier avec une soif profonde, mais aussi un sentiment d’errance : par où commencer ? Qui suivre ? Je me revois au début, cherchant un enseignant spirituel sans avoir la moindre idée d’où le trouver. Je ne savais même pas qu’il existait de véritables maîtres vivants.

Trouver la première lueur

Et puis un jour, le hasard — ou la grâce — m’a menée vers un livre. C'était « Conscience pure et méditation vraie » d’Adyashanti. Je n’y comprenais pas grand-chose… mais tout en moi savait que c’était vrai. Pendant tout un été, je l’ai promené sous le bras, le lisant encore et encore, sentant naître cet appel, cette certitude intime : « C’est par là que je dois aller. » La méditation a pris place dans ma vie, et j’ai commencé à ouvrir des portes.

Pour chacun, il y a des portes d’entrée uniques. Le yoga, la pleine conscience… Ce sont des approches plus connues ici. Mais elles demeurent des fragments issus de traditions orientales qui visent, en profondeur, l’union au divin. Transposées chez nous, elles se retrouvent parfois limitées, privées de tout le contexte vivant qui les entoure à l’origine. On médite, on fait des postures, on apprend à observer, mais le sens profond — celui de l’union, de l’éveil — peut nous échapper.

Le premier vrai réveil : toucher à la lumière intérieure

Quand une pratique est sincère, quelque chose finit par s’ouvrir. Ce n’est pas une idée, c’est un vécu : on découvre qu’on n’est pas qu’un corps, pas uniquement ce « moi » auquel on s’identifiait. Je me souviens du choc doux et immense de ma première retraite avec Adyashanti : une expérience d’éveil, brève mais irréversible. Soudain, tout devenait plus léger, plus aimant, un peu plus joyeux… Comme si la vie s’était teintée d’une lumière nouvelle.

Je retrouve souvent ce passage chez mes clients. Quand cette lumière apparaît, tout change subtilement, comme si on entrait dans une nouvelle dimension de soi-même. Les énergies se manifestent, les chakras vibrent, des perceptions s’éveillent. On s’ouvre au chamanisme, à la canalisation, à toutes sortes d’expériences… C’est un immense champ d’exploration, mais aussi un espace où il est si facile de se perdre.

Perdre pied dans l’exploration

Chez nous, il y a tant d’offres, de pratiques, de vidéos, de soins, d’ateliers… Les algorithmes nous proposent mille choses, et chaque nouvelle expérience amène sa fraîcheur, son lot de sensations, de validations. Mais au fond de moi, une question revenait sans cesse : à quoi ça sert, tout ça, vraiment ? À quoi ça sert de vivre des états incroyables si ma vie quotidienne ne change pas ? À quoi bon multiplier les expériences si elles ne transforment pas mon rapport à moi, à l’autre, au monde ?

Longtemps, j’ai tâtonné — et beaucoup autour de moi aussi. Parfois, on se sent vite bloqué ou perdu, à courir d’une méthode à l’autre sans vraiment s’enraciner.

Vers plus de clarté : reconnaître la nécessité d’un guide

Jusqu’au jour où j’ai découvert des enseignements plus précis sur la conscience et l’éveil, puis rencontré Mindo. Là, tout s’est éclairé : j’ai compris qu’après l’explosion d’énergie, le vrai chemin commençait par un dépouillement, une redescente vers la présence pure. C’est une étape déconcertante : quitter l’attachement aux états subtils, aux émotions élevées, pour plonger dans la pure présence.

Ce passage n’est pas naturel, ni intuitif : il demande un accompagnement, quelqu’un qui a déjà traversé ces zones et peut nous montrer le chemin dans les espaces inconnus. Je me suis entendue dire : « Je ne sais plus comment m’enraciner… » et le mot de mon guide, : « Maintenant, tes racines ne sont plus dans le corps, mais dans l’espace même de la conscience, dans le vide qui soutient tout. »

L’approfondissement : accueillir nos « vieux » enjeux à chaque étape

À mesure que l’on s’abandonne à la profondeur, on découvre que nos vieilles blessures, croyances, viennent se présenter à nouveau — mais sur un autre plan, à une plus grande profondeur. Chaque étape de la conscience les ramène différemment, pour que l’on puisse les embrasser, les libérer, couche après couche. Cela demande à la fois de la patience et une pratique ajustée à là où nous en sommes. Ce qui fonctionnait à une étape peut cesser d’être pertinent à la suivante : il faut écouter, s’ajuster, se laisser guider.

L’intégration et l’incarnation : un cycle sans fin

Lorsque la lumière de la conscience commence à irradier plus pleinement, il ne s’agit plus seulement d’expériences ponctuelles. Jour après jour, pratique après pratique, elle s’installe comme une demeure intérieure. Mais ce n’est encore qu’un début : il faut alors l’intégrer, la laisser descendre dans chaque recoin de la vie, jusqu’à ce qu’elle devienne chair, qu’elle s’incarne jusque dans les gestes, les paroles, les relations.

Cela prend du temps — des années parfois — mais c’est là que le divin cesse d’être une idée ou une sensation, pour devenir le mouvement même de l’instant, une transparence naturelle qui habite et traverse tout ce que nous faisons.

Les risques de l’accumulation : méditation boulimique et guérison à outrance

Dans cet enthousiasme, nous sommes tentés de « tout faire » : méditer, guérir, ouvrir les chakras, expérimenter chaque tradition, chaque méthode, parfois au risque de se surcharger ou de se perdre dans la confusion. Comme prendre tous les remèdes d’un coup, sans savoir lequel guérit vraiment.

Il y a des temps pour libérer, et des temps pour simplement s’asseoir, pour accueillir, ouvrir et approfondir la conscience. Un vrai équilibre doit naître entre travailler sur soi, guérir ce qui appelle à l’être, et s’engager dans une ouverture silencieuse à ce qui, en nous, est déjà libre, vaste, paisible.

Trouver sa propre voie, humblement

Ce chemin est tout, sauf rectiligne. Il est humble, habité d’incertitude, de reprises, de détours. Il est aussi tissé de reconnaissance : envers ceux et celles qui ont ouvert la route, qui nous tendent la main quand l’abstraction du divin devient trop grande, qui nous aident à vibrer, à sentir en nous la possibilité d’aller encore plus loin.

Ce que je retiens aujourd’hui, de mes propres pas et de l’accompagnement de tant de personnes, c’est qu’il n’y a pas de raccourci. Mais il y a une guidance, il y a une fidélité à soi-même, une disponibilité à l’émerveillement et à la patience. C’est le mariage délicat entre la guérison et la présence, entre le travail sur nos ombres et l’ouverture à la lumière.

Peu importe la porte d’entrée, peu importe les détours, ce que nous cherchons n’est pas dans l’accumulation d’expériences. Il est dans la simplicité d’être ici, enraciné dans la présence, humblement ouvert à la vie qui, toujours, nous traverse, nous porte, nous révèle à ce qui est déjà là.

Christine Dion, co-fondatrice de Les Radieux

Christine Dion, co-fondatrice de Les Radieux

Christine Dion, plus de 20 ans d'expérience en accompagnement

Avec plus de vingt ans d'expérience en psychologie, Christine Dion a accompagné avec cœur des centaines de personnes dans des moments profondément intimes de leur vie. Aujourd’hui, elle oriente son approche vers un accompagnement en conscience. Bien qu’elle n’exerce plus la psychothérapie, toute son expérience vient enrichir et soutenir la démarche qu’elle propose désormais.

Son travail, centré sur la conscience et l’amour, aide à éclairer les souffrances de l’ego et à les transcender. Christine guide ainsi les individus vers une présence vaste, aimante et ouverte, celle de leur véritable nature Divine.

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